Billets qui ont 'Einstein on the beach' comme oeuvre.

Une vraie journée de touristes

Musée Rijksmuseum. Pas de queue. Nous mettons deux minutes à comprendre les chiffres sur la façade, 98 23 14 : jours, heures, minutes avant l'ouverture du musée rénové.
En attendant nous avons droit à une version réduite, quelques salles, Rembrandt, Vermeer, bien sûr, mais aussi de très beaux objets et meubles. Et une horloge très amusante et résolument moderne.

Dans la tradition "mangeons pour guérir", nous faisons un grand détour pour trouver un restaurant vietnamien — qui sera fermé, bien entendu. Mais enfin, cela nous aura permis de voir le temple bouddhique d'Amsterdam. Nous mangeons donc chinois, une soupe que nous n'aimerons pas (boulettes de viande et côtes de blettes) mais qui ne nous pèsera pas sur l'estomac.

Musée de l'Hermitage pour voir les Van Gogh accueillis ici pendant la rénovation du musée du même nom. Pas de queue (nous avons acheté nos billets devant le Rijksmuseum). Très beaux tableaux, les Tournesols et les Iris sont ici. L'exposition est organisée en thèmes (cinq: la nature, la jeunesse, l'influence japonaise, et je ne me souviens plus). Copie étonnante d'un tableau japonais, vergers au printemps, Bible, tête de mort fumant (elle est ici). Tous les tableaux sont d'Amsterdam, c'est une exposition entièrement domestique qui m'a beaucoup plu.

Puis dans le même musée exposition dite des "Impressionnistes", mais "de la seconde moitié du XIXe siècle français" serait plus exact. C'est d'ailleurs très intéressant, rythmé par des coupures de journaux expliquant les évolutions de la mode dues aux transports en commun (finies les robes à crinoline), le salon des refusés, l'invention du tube de peinture (1841) qui permet aux peintres de sortir de leur atelier, etc.
Cela donne l'impression étrange de se promener "chez soi", d'Haussmann à Versailles en passant par Montgeron ou les plages de Normandie. Soudain je comprends que la peinture du XIXe siècle a été française comme celle de la Renaissance a été italienne et celle du XVIIe hollandaise (oui, cela ne m'était jamais venu à l'esprit avant d'être à l'étranger).

Café et pâtisserie dans un coffeeshop en contrebas de la route; vautrés dans des canapés nous commentons les arrivants (nous essayons de deviner leur nationalité — de jeunes Russes ressortiront en découvrant (sans doute) qu'il n'y a pas d'alcool, d'un couple dont je dis "Lui a l'air très amoureux", H. répond "donc français", ce qui me fait rire (est-ce vrai? très amoureux donc français?)), dans la grande tradition des petits vieux sur leur banc ou des vieilles derrière leur rideaux.
L'intonation de la langue néerlandaise est le même que celle de l'américain, et les mots de la cuisine viennent du français sans traduction.

Le soir Einstein on the beach puis pub irlandais.

Einstein on the beach

Peignée avec une fourchette parce que j'ai oublié mon peigne (depuis le temps que je rêvais d'essayer: "se peigner avec une fourchette"). Failli me prendre la pomme de douche sur la tête. Heureusement que je me tiens toujours à distance prudente en attendant que l'eau chauffe.

Errances encore. Arrêt à la librairie "Les cinq continents": belle librairie thématique, partie cartes et guides, et surtout partie littérature, livres classés par pays. Passionnante.
Visité un peu par hasard la pharmacie et la chapelle d'un hospice (les dames de la Miséricorde? quelque chose comme ça.) Rue de la vieille intendance, n°9, n°3. Journal d'un voyage en France. Magnifiques façades.

Musée Fabre bien trop tard. Visite lente d'abord, puis au pas de course, puis précipitée. Pas le temps, pas le temps. Tant pis.

Einstein on the beach. C'est un ballet, en grande part. Très belle mise en scène (mise en espace?), très graphique. Performance (je veux dire: exploit) des musiciens et des chanteurs (combien de temps le violoniste joue-t-il la même chose? Quarante minutes? Comment est-il possible de ne pas tétaniser? Et je serais curieuse de comprendre comment les chanteurs réussissent à savoir à quel moment ils doivent changer de mots (après avoir répété le précédent une centaine de fois)). Obsédant et mélodique, aussi beau à l'œil qu'à l'oreille, mystérieux aussi. Sur le principe de la variation, les changements s'opèrent sous nos yeux sans qu'on les voit: mais à quel moment a-t-elle ramassé ce coquillage? Mais d'où vient ce foulard? Discours engagés aussi, qui n'ont rien perdu de leur force, de leur pertinence.

Maintenant je voudrais voir A letter to queen Victoria.
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